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La noire hamada

 

 

Tout ce basculement

De l’intense bleui

Sur la noire hamada

Fait un couteau tranchant

D’une terre sans loi

Aux éclats de silice

Et le chaque est sans nom

En ressac d’abandon

Danse le feu qui glace

Dans la glace d’un feu

Qui danse et

Tord

La pierre

Et la ligne sans loin

Se découd lentement

S’effiloche sans fin

A confondre le bleu

De la noire hamada

A l’indicible rien

 

Eric Pitton

Sahara

Le 25/02/08

Image personnelle

Image personnelle

Tempête de sable

 

Le ciel a bu

L’infini du quartz

Et la danse blanche

En flammèches peureuses

Brume la dune

En voile de Chergui

 

L’horizon se tait

Immobile au vent

La pierre se tasse

Et attend

Le soleil s’efface en silence

Figé

Minéral

C’est l’heure du Chergui

 

Tout le sol est battu

En rafales cinglantes

Flèches et lances

Fer qui tranche

L’air meurtri se lamente

Le temps même s’enfuit

De l’hostile fracas

Qui souffle le Chergui

 

Eric Pitton

Sahara

Le 29/02/08.

Image personnelle

infinie la prairie

 

 

j’ai foutu le feu aux persiennes ajourées cramé ces entraves à ma vue affamée
j’ai fondu les clés du trousseau mis au rebut les cadenas de portes claquemurées
j’ai jeté les papiers balancé la corbeille aussi où s’entassent mes heures de labeur qui me brisent les dents d’un mors à déchaîner l’esclave
et puis j’ai pris la masse

lourde

dure

la pesante aux enclumes de forges  
on est sorti prendre la mesure des murs

innombrables

interminables
forts comme des bunkers

laids d’un noir de cimetière
on a commencé à battre le vent en tous sens à se faire mal aux cris à gueuler contre ces marées cinglantes qui griffent les aurores assèchent la mangrove défigurent l’âme des morts
malgré les résistances la masse pourfend d’une rage d’écroulement
et les heures ont passé et les jours et les mois
et on brise sans cesse ces putains de murailles qui poussent comme du chienlit à noyer les poitrails
je cesserai l’effort quand je verrai autour des moulins de bras forts effriter tout ce dur
pour qu’enfin sous mes yeux apparaisse
infinie
la prairie

 

ep

le 09/08/2010

alice springs

 

 

je me souviens alice springs la nuit

le temps du rêve et la grande piste rouge

qui file sous mes paupières

toujours belle comme une pute égarée dans l’outback avec sa robe de chemin

et puis toujours celle qui pousse mon demain vers des là-bas à se fondre dans le sable

rouge

alice springs t’as rien d’un cadeau de la nature

mais alice springs que j’aime à me donner la nausée des routes balisées

déjà sans t’avoir vue t’avoir connue en terre de piste aux franges de rocailles

j’empreinte la piste rouge

baisers de pas que j’emprunte vers alice springs aux vides illuminés de mes enchantements

des chants d’avant le grand temps et l’ornière assoiffée chante prières de pluie

obsédante lancinante la piste rouge me consume et me tue

et mon corps s’évapore en décor d’alice springs

 

 

 

 

eric pitton

09/10/2010

Pierre

 

Multitude qui fièvre

Dans le repos du sable

Jamais seule et si loin

Dans la poussière austère

Qui t’enserre

Posée là

Dans le rien

Qui t’invite

Au silence

Tout te pierre indolore

Tout te pierre inodore

Tout te pierre inutile

 

Tout te pierre à jamais

 

Pierre

Ô pierre

Tout ce poids que tu portes

Dans ta masse

Inerte

 

Eric Pitton      

Sahara

Le 28/02/08

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