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j’ai laissé des traces éphémères dans les blés

 

 

aujourd’hui j’ai trainé dans les blés ils se caressaient les uns les autres comme font dans les granges ceux qui se piquent un peu de paille dans les cheveux à se goûter le sel
ma paume frôlait les épis qui me donnaient du jaune pour mes nuits trop noires
les coquelicots étaient là aussi simplement on les avait oublié pour une fois avec les colchiques de la fin de l’été
par delà le champ à fleur de colline un pré sans clôture où s’épandent joliment où s’étendent simplement les pâquerettes et le sillon que je traçais m’apaisait et mon sillage était un peu de rêve de ceux qu’on fait sans y penser les yeux écarquillés les épaules lâches une clope pour confidente
l’inévitable papillon a tournoyé un moment de son vol imprécis à me toucher la peau et je l’ai vu si beau bel ivrogne éphémère aux ailes passementées de luzerne et d’avoine

et le ciel n’avait rien que du bleu et les blés n’avaient rien que mes yeux et j’avais dans la tête une pensée fugace pour celle qui m’étreint et qui mordille mon doigt quand elle veut de l’amour
j’ai marché bien longtemps aujourd’hui dans le calme des champs heureux d’être présent

jusqu’à quand
 

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