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on repart au lasso avec la gueule à wayne
 
 
faut s’accrocher bien fort aux grands ponts transbordeurs et s’étirer sans cesse d’un bout à l’autre de soi
se faire voir la lumière crue du jour sur le corps pour que nos tatouages de péquenots se reflètent sur l’ivoire
en bas ça sent la pisse et la fornication et le moisi des caves et le rance et la rouille où s’entassent l’amer qui se met fort les bose jusqu’au fond des sommeils embués de ciels noirs
et on essaie alors quand nous surprend le soir d’être digne et insigne
on repart à l’assaut on repart au lasso avec la gueule à wayne
avec la gueule à john choper cette belle croupe délectable et suave
et on la tient serrée enlacée embrassée parce qu’on en a pas des kyrielles des comme elle
et on se couche encore à se dire que amour c’est le mot le plus lourd
ça se fait dans la pure indécence dans le plus grand silence
et j’en suis

 
éric pitton
le 22/08/2010

t’avais la gueule à lee van cleef

 

 

jethro tull fait la boucle entraînant ta fumée qui vire au brouillard londonien. mais t’aime bien. des mégots plein le cendrier et ça pue la gitane sans filtre.

il est déjà six heures passées. une fin d’octobre à faire pisser tous les sacs d’eau qu’arrivent en

trombe.

ta R16 orange andalou te joue un ballet d’essuie-glace et sur le skaï de la banquette un livre entouré

de bolduc .  

tu croises des lumières à l’envers dans l’eau qui jouent aux réverbères. les arbres sur le bas-côté

échevelés. deux trois panneaux publicitaires comme des murs sales. et le volant qui serrent les dents

et le moteur qui hurlevent. et la longue bande en pointillés défile en folle.

je l’ai le livre entre les mains ça c’est certain. mais j’ai pas toi qui t’en venais me dire qu’à dix ans on

est grand.

c’est dans une vieille boîte à chaussure que je murmure. j’étais sur tes genoux un soir où tout est

bien. t’avais ma tête entre tes mains et je le savais pas encore mais aujourd’hui j’en suis certain.

t’avais la gueule à lee van cleef.   

 

éric pitton

Le 31/07/2010

  

lennon en boucle
 
toutes les pensées isocèles aux bases de muraille de chine m’emmerdent
et les lucides aux grands desseins faces de (v)(s)auriens
me faut du lourd comme un pistil pour que s’échoue mon étamine
un rien de mots toujours sensibles et des sourires d’averses franches
et tout l’écho d’une pupille pleine à ras bord de fleur de peau
je veux que ça du sert à rien qu’on met tout au fond de sa poche et qu’on écosse à temps perdu
parce que demain ?
parce que plus rien
à fond sur le frein d’hébétude contre le plein de certitudes
parce qu’on est rien
et que putain y a pas grand-chose à foutre enfin
baiser tes mains
lécher tes seins et rouler comme un tumbleweed
jusqu’à plus soif
et la sono qui gueule au loin
lennon en boucle

 
ep
le 24/10/2010

L’homme des hautes plaines
 
 
Nul ne sait d’où s’en vient la poussière   
Du sinistre Tartare ou du sombre Sheol
D’une ville étrangère par delà les déserts
Qu’il arbore en linceul et traîne sur le sol
 
Au chant du pas funèbre
Il avance fringuant
Il voile la lumière
D’un silence inquiétant
 
Et les rois corrompus ont senti que dans l’air
Une forme fatale
Une force animale
Se glissait doucement jusque sur leur perron
Réclamer le tribut du passeur d’Achéron
 
Silhouette diffuse
Il a dans son étui
Le tonnerre et la paix
Pour les mânes qui guettent
 
Quand le seuil est franchi de Gomorrhe endormie
Regards torves ou surpris
C’est un accueil gourd
Que la monture étrange voit paraître sur cour
Et la question qui passe
Est un murmure ancien que les non repentis
Tiennent  au creux de leur main
 
Quel est cet étranger aux allures vagabondes
Sur la route qui vient jusque dans notre monde
 
Quand enfin arrêté
Monolithe de braise
Tout le ciel s’éteint en guise de promesse
Il est là immobile glaçant comme géhenne
L’homme qui vient de loin
Celui des hautes plaines

 

 

 

 

 

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